Fabio Quartararo ne mâche pas ses mots. Dans un contexte où Yamaha cherche à reconstruire sa compétitivité en MotoGP, le pilote français affiche sa détermination… mais fixe aussi ses ultimatums. Et il prévient : sans résultats, il n’attendra pas indéfiniment.
Yamaha en chantier, Quartararo en vigilance
Fabio Quartararo reste fidèle à Yamaha… pour l’instant. Véritable visage de la marque depuis son arrivée en MotoGP et sacré champion du monde en 2021, le Français s’est récemment confié dans une interview à DAZN. Il y renouvelle son engagement envers le constructeur japonais, mais alerte également sur son impatience croissante face au manque de performance de la M1.
« C’est la marque dont j’ai toujours rêvé, quand j’étais petit et que je voyais Valentino Rossi. (…) Je crois vraiment en ce projet, mais s’il ne fonctionne pas, je passerai à un autre qui est déjà prêt. » Voilà qui a le mérite d’être clair. Dans une lutte où chaque saison compte, Quartararo affirme ne plus vouloir perdre de temps. La Yamaha reste en net retrait par rapport aux Ducati, Aprilia et KTM, et malgré trois poles consécutives récemment, le rythme de course et la fiabilité restent très variables.
La contre-performance du GP de Grande-Bretagne fin mai – où il dominait avant d’être contraint à l’abandon – cristallise la frustration du pilote niçois. Et ce ne sont pas les investissements massifs de Yamaha dans l’évolution de la M1 qui suffisent, pour l’heure, à calmer ses ambitions de victoire immédiate.
L’équation Yamaha : rebâtir… ou perdre son champion
Si Yamaha veut retenir Quartararo au-delà de son contrat actuel, il ne suffira pas de promesses ou de plans de développement à long terme. Il faudra des résultats concrets, et vite. Le départ de pilotes comme Maverick Viñales ou Franco Morbidelli, victimes du manque de progrès technique, hante les dirigeants d’Iwata.
Or, en 2024, l’écart technologique avec Ducati est flagrant. L’armada italienne (Bagnaia, Martin, Bezzecchi & co) est devenue le nouveau standard du plateau grâce à une moto évoluée dans tous les compartiments : motricité, vitesse de pointe, aérodynamique et dispositifs de départ. Yamaha, persistent dans sa configuration inline-four, peine à suivre le rythme malgré le recrutement de grands noms en développement, comme Luca Marmorini ou les essais intensifiés au Japon.
Si l’offre d’un concurrent comme Aprilia ou KTM se présentait, offrant une moto immédiatement compétitive, Quartararo pourrait céder. Rappelons que Ducati dispose déjà de nombreux pilotes et que Honda, malgré le départ de Marc Márquez en 2023, reste une perspective imprévisible. Le marché des transferts 2025 s’annonce donc brûlant, et Fabio risque bien d’en être le principal animateur si la M1 ne se montre pas à la hauteur d’ici là.
Un signal fort pour les constructeurs
Avec cette déclaration tranchée, Quartararo adresse bien plus qu’un simple ultimatum. Il envoie un message clair à Yamaha, mais aussi au reste du paddock : il veut gagner, et n’exclut aucune option pour y parvenir. À l’approche des prochaines courses européennes cruciales, tous les voyants sont au rouge pour Yamaha. Le Niçois, tourné vers l’avenir, ne veut plus revivre une saison blanche comme en 2023.
Et l’enjeu est d’autant plus grand qu’il ne s’agit pas uniquement d’un choix sportif. À 25 ans, Fabio entre dans son pic de carrière. Une décision stratégique aujourd’hui pourrait déterminer son avenir sur 4 ou 5 saisons. Yamaha a lancé un nouveau projet technique, symbolisé notamment par une implication plus forte des ingénieurs européens et une ouverture au partage de données avec Dorna. Mais le temps presse.
Conclusion : le compte à rebours est lancé. Yamaha doit transformer ses intentions en podiums. Car si Quartararo apprécie toujours la marque au diapason, il n’hésitera pas à tourner la page pour rester au sommet du MotoGP. Et le championnat pourrait changer radicalement de visage si « El Diablo » décidait de rejoindre une écurie plus affûtée.